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Ref ID: 37158
Ref Type: Journal Article
Authors: Lorrillard, Michel
Title: Religion et pouvoir royal au Lān Xāng (XIVe - XVIe siècles)
Date: 2020
Source: Péninsule : Etudes Interdisciplinaires sur l’Asie du Sud- Est Péninsulaire
Language: French
Abstract: Un certain nombre de documents anciens du Laos, jusqu’à présent négligés ou peu étudiés, permettent de se faire une meilleure idée des spécificités du bouddhisme pratiqué autrefois dans la vallée moyenne du Mékong, au regard des formes attestées dans les régions adjacentes, notamment dans le nord de la Thaïlande. Les informations qu’ils véhiculent concernent alors plus parti-culièrement la première moitié du XVIe siècle, période au cours de laquelle le royaume lao du Lāng Xāng, fondé selon la tradition deux siècles plus tôt, s’affirme soudainement comme une des grandes puissances territoriales de la région. C’est à partir de ce même moment, le fait n’a jamais été vraiment souligné, que la recherche historique sur le monde lao trouve enfin dans les sources locales des données qui lui permettent de s’établir sur des fondements solides. L’œuvre des chroniqueurs (qui n’a été abordée jusqu’à présent que par le biais de copies altérées et de compilations tardives) commence au XVIe
 siècle. Elle ne donne des périodes qui précèdent qu’une image confuse – quand affleurent encore des éléments issus de la tradition orale – et même totalement artificielle lorsque se substitue à la mémoire historique le recours, d’abord, à l’imaginaire et aux mythes, puis à des traditions littéraires impor-tées. En abordant le règne des souverains de ce premier « âge d’or » du Lān Xāng, comme Vixun (1501-1520), Phothisarat (1520-1547) ou Setthathirat (1548-1571), l’historien trouve alors non seulement une matière historiogra- phique beaucoup plus riche et fiable, mais également de nouveaux témoi-gnages, bien inscrits dans un espace chronologique et géographique, qui ressortissent directement à la culture matérielle. Des monuments et des ins-criptions commémoratives viennent en particulier jalonner l’expansion vers l’aval des communautés religieuses installées le long du Mékong, voire plus loin à l’intérieur des terres. La diffusion du bouddhisme en pays lao peut ainsi être retracée : la répartition des vestiges montre alors clairement tout ce que celui-ci doit à la vigueur des traditions t’ai septentrionales qui l’ont précédé. Toutes les sources s’accordent à situer les premières manifestations de la nouvelle pratique religieuse autour de Luang Prabang, puis rapidement dans la région de Vientiane, c’est-à-dire dans les deux capitales royales où elles pouvaient bénéficier du plus grand soutien. Contrairement aux chroniques du Lān Nā, très prolixes sur le sujet, celles du Lān Xāng nous renseignent cependant peu sur les relations qui s’établirent entre la royauté et le bouddhisme, ainsi que sur l’apport que ce dernier a fourni au renforcement de la première. Il est par ailleurs difficile d’estimer d’une façon précise le degré de développement intellectuel que la communauté religieuse avait pu atteindre. Des détails fournis par certains textes nous conduisent toutefois à penser que le bouddhisme lao se singularisa dès le départ par sa nature complexe et non-homogène, que son clergé ne fut sans doute jamais considéré comme un corps unifié, et que la pratique connut finalement les mêmes diffi-cultés, voire les mêmes oppositions, que celles qui sont attestées de façon plus explicite dans les documents des royaumes voisins.
Volume: 80
Number: 1
Page Start: 65
Page End: 91