ARLETTE TESTYLER (née REIMANN) *

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Biographie

La Jeunesse

Arlette Testyler (née Reimann) est née le 30 mars 1933 à l’est de Paris aux immigrés polonais, Abraham et Malka. Ils se sont rencontrés dans leur village en Pologne. Abraham s’est rendu initialement en France pour gagner de l’argent entre 1925 et 1927. Il a promis à la famille de Malka qu’il reviendrait en Pologne quand il a gagné assez d’argent. En 1930, il a retourné et il a amené Malka avec lui en France. Ils se marièrent en 1931, et Malka a donné naissance à Madeleine, la sœur d’Arlette, après. Abraham était un fourreur et il est devenu riche avec son carrière. 

La famille Reimann était fièrement assimilé. Le polonais n’était pas parlé souvent, et même pour le Yiddish. Leur langue primaire était le français et Abraham et Malka ont insufflé la fierté pour leur identité française. La famille était totalement laïque, mais ils ont allumé des bougies de shabbat et ils ont célébré les grandes fêtes juives. 

Avant la guerre, Arlette et Madeleine ont vécu comme les enfants français, normaux, et bourgeois. Elles ont vécu une vie de privilège et elles ont immobilisé à l’arrondissement de Paris où les filles ont passé la plupart de leurs enfances. La famille avait une voiture, ils voyagait, ils avaient une femme de ménage. Les filles étaient très fières d’être français, avec un lien avec les traditions juives mais pas le religion. L’éducation était très importante dans la famille et les filles allaient à une école laïque où elles se sentaient commes les enfants non juifs. 

Pendant la guerre, Avant les arrestations

Avant la Rafle du Vel d’Hiv, Arlette était au pensionnat pendant que son père a servi dans l’armée française. Ensuite, il a reçu un billet vert, qui l’a essentiellement arrêté. Malka ne se sentait pas bien et elle a exhorté son mari à ne pas y aller. Cependant, Abraham a insisté sur le fait que, parce qu'il n'avait pas enfreint la loi, il n'y avait rien à craindre. Malka, Madeleine, et Arlette l’ont accompagné au lieu de la rafle. Il a ensuite été envoyé à Pithiviers, qui a dévasté Malka. Arlette a dit qu’elle se souvient que sa mère a beaucoup pleuré en ce moment. Malka a travaillé dur pour arriver à Abraham ou pour son retour. Finalement, Malka a envoyé ses filles dans un pensionnat catholique à Pithiviers, à côté du camp d'Abraham. Elle a payé beaucoup d’argent pour qu’ils déménagent à Pithiviers et elle vivait avec l’une des familles des gardes. Le gardien transmettrait des lettres aux prisonniers et il ne craignait pas de bénéficier de l'argent supplémentaire. De temps en temps, Malka et les filles ont vu Abraham à Pithiviers. 

Arlette se souvient qu'elle n'avait jamais faim et pour cet été, toute la famille vivait ensemble dans une ferme parce que Pithiviers devenait trop de monde, donc Abraham fut envoyé pour faire du travail forcé. Malka voulait désespérément s’échapper car le travail d’Abraham à la ferme n’était pas supervisé, mais il a insisté pour qu’ils restent car ils n’ont rien fait de mal et il ne voulait pas que cela ait un impact négatif sur les filles. Il ne s'est jamais plaint de la douleur qu'il ressentait ou de sa souffrance.

En 1942, Malka et ses filles retournent à Paris où elles doivent porter l'étoile jaune, ce qui n'est pas une honte pour elles. Malka a donné une partie du magasin de fourrure d'Abraham aux Français dans l'espoir de le libérer, et le magasin a fait de la famille des «Juifs utiles» parce que leurs fourrures ont été envoyées aux soldats allemands en Russie.

Les arrestations, Déportations, et la Rafle du Vel d’Hiv

En juillet 1942, le matin de la rafle du Vel d’Hiv, les policiers françaises sont arrivés à la résidence Reimann vers 3 ou 4 heures du matin et ont demandé d’arrêter Abraham. Malka leur a dit qu'il a été déjà arrêté et qu’il était actuellement au camp, alors la police lui a dit qu’elle et les filles viendront à sa place. Les filles ont résisté, Madeleine a jeté une chaise sur un policier et a refusé d’y aller, mais elles ont finalement été emmenées à la Vélodrome d’Hiver. Arlette raconte que pendant qu'elles étaient là, elles ont vu des choses horribles et dégoûtantes. Elle se souvient de beaucoup de sang et de saleté partout avec beaucoup d'enfants confus. Personne ne comprenait pourquoi il y avait tant de sang.

De Vel d’Hiv, elles ont été déportées dans un wagon à bestiaux à Beaune-la-Rolande. La mère d’Arlette espérait que le train les emmènerait à Pithiviers pour retrouver Abraham. Dans le train, Malka était un leader. Elle l'a organisé pour que les plus jeunes se nourrissent en premier et a aidé à faire circuler l'air. Dans le train, Malka a décidé d'écrire une lettre et l'a enveloppée dans un petit morceau de papier avant de l'attacher avec un morceau de cheveux d'Arlette. Elle l'a ensuite jetée par les petites fenêtres du wagon à bestiaux sur les rails, et un membre de la Résistance l'a trouvée.

À Beaune-la-Rolande, leur statut juif utile les a aidées. Malka a révélé qu’elle savait où se trouvaient les machines et les provisions cachées dans l’atelier, et elle était déterminée à trouver un moyen de quitter le camp avec ses filles. Malka a proposé également de sauver l’enfant du voisin, mais le voisin a insisté sur le fait que si elle restait avec son enfant, elle serait plus en sécurité. Finalement, Malka a trouvé un moyen de quitter et de retourner à Paris mais pas à leur maison familiale. Elle entendait des gens parler des familles à la campagne abritant des enfants juifs de Paris à l'insu du gouvernement.

Les Reimann ont déménagé à un petit village en Vendôme où ils habitaient avec une famille. Elles ont payé de l'argent pour vivre avec eux et tout ce temps, elles ont vécu sans papiers. Elles ont été cachées et protégées, et les filles sont allées à l'école. Malka a continué de penser à Abraham, mais elle est restée forte pour ses filles. Abraham est mort à Auschwitz.

La vie après la guerre

Arlette décrit le temps immédiatement après la guerre d’être le plus difficile temps de sa vie, pire que ce qu’elle a vécu pendant la guerre, à l’exception de son expérience pendant la rafle du Vel d’Hiv. La ville de Vendôme, où Arlette, Madeleine, et Malka habitaient à la fin de la guerre a été libérée par les Américains en été 1945. Malka n’avait qu’une chose en tête: son mari, Abraham. Chaque jour, Arlette, Madeleine, et Malka se rendaient à la gare de l’Est et à l’Hôtel Lutétia, espérant qu’elles trouveraient le nom d’Abraham sur la liste des déportés qui revenaient des camps. Un jour, Malka rencontrait deux rescapés de retour du camp d’Auschwitz qui lui ont dit que la dernière fois qu’ils ont vu Abraham, il était malade avec le typhus, et il a été conduit aux chambres à gaz. Après avoir reçu ces nouvelles malheureuses, la condition physique et mentale de Malka a commencé à se détériorer rapidement. Elle avait des maux de têtes, et un jour, après être tombée dans la rue, elle a été mis à l’Hôpital Hôtel-Dieu. Cela marquait la fin de l’enfance d’Arlette. 

Malka perdait son désir de vivre, et se laisser mourir de chagrin. Elle est devenue gravement malade, et s’est probablement suicidée. Arlette et sa soeur essayaient plusieurs fois à élever ses esprits, mais il n’y avait rien qu’elles pouvaient faire pour l’aider. Elles lui ont rappelé qu’elles étaient toujours vivantes, et lui disaient qu’elles pourraient recréer leur vie familiale ensemble. Malka insistait sur le fait qu’elle leur ont laissé assez de l’argent pour vivre, et qu’elle n’avait pas de raison de vivre sans l’amour de sa vie. Malka est morte en janvier 1946. Au début, à l’enterrement, Arlette lui en a voulu de les avoir abandonnées, parce qu’elle n’avait pas encore treize ans, et maintenant, les deux filles étaient toutes seules, des orphelines. 

Après la mort de leur mère, Arlette et Madeleine ont été mises sous la garde des tuteurs, des cousins très éloignés. Ces tuteurs ont décidé de placer Arlette dans un internat dans le département de la Sarthe, pendant que sa soeur restait à Paris pour travailler et gagner de l’argent. Pendant ce temps, Arlette a développé un problème de l'énurésie nocturne, dont elle avait honte. Après être retournée à Paris pendant les vacances, Arlette s’est rendu compte qu’elle voulait rester à Paris avec sa soeur, alors elle n’est pas rentrée à l’internat. Les deux filles ont participé aux mouvements de jeunesse. Elles habitaient toutes seules dans l’appartement que leur mère avait réquisitionné après la guerre et elles ont pris soin d’eux mêmes. 

La soeur d’Arlette a toujours dit qu’elle ne prendrait pas un homme dans ses bras jusqu’à ce qu’elle voie son père, signifiant que l’homme devrait incarner leur père le plus que possible. Quand elle avait 17 ans, elle rencontrait Yosef Testyler, qui ressemble à leur père. Ils se sont mariés, ce qui change la vie d’Arlette aussi, qui rencontre le frère de Yosef, Charles, qui lui fait sentir en securité et protégée. Ils se sont mariés aussi, et les deux jeunes couples prendre en charge l'atelier qu’Abraham Reimann a laissé. Ils ont réussi à leur créer une existence confortable et prospère. Arlette et Charles ont une fille, et trois petits-enfants, dont Arlette est extrêmement fière.

Biography (English)

Early Life

Arlette Reimann (now Testyler) was born on March 30th, 1933 on the east side of Paris to Polish immigrants Abraham and Malka. They met in their village in Poland. Her father initially went to France to make some money sometime between 1925 to 1927. He promised Malka’s family that he would come back to Poland once he made enough money, and would bring Malka with him to France. He did just that in 1930, and they married in 1931, having Arlette’s sister Madeleine closely after. Abraham was a furrier by trade and became quite wealthy from it.

Arlette’s parents were very proudly assimilated/acculturated. Polish was almost never spoken and Yiddish was spoken rarely. Their primary language was French and they instilled in their daughters a pride in being from France. Abraham felt very connected to his French identity. In terms of religion, the family were more on the side of identifying as secular Jews. They lit Shabbat candles on Friday evenings and celebrated the major Jewish holidays, but nothing rigorous. 

How this translated to Arlette’s upbringing before the war meant that her life was like that of normal French bourgeois children. They lived a privileged life and moved to the 3rd arrondissement of Paris where the girls spent most of their early lives. They had a family car, went on vacations, had a nanny/housekeeper who would pick the girls up from school. They again, were very proud to be French and raised to be this way and had a connection to Jewish traditions but not religion. Education was prized in the family and the girls went to a regular French school where they felt just like the non-Jewish children. 

During the war, Before arrest

Before the Vel d’Hiv roundup, Arlette was at boarding school while her father served in the French military. Abraham had a billet vert, sending him to a location where he would do work. Malka really didn’t want him to go and had a bad feeling about it, but Abraham insisted that since they’d done nothing wrong, there wouldn’t be a problem. The Reimanns went to the location Abraham had to go to and saw him go. He was then sent to Pithiviers, which devastated Malka. Arlette says she remembers Malka crying a lot during her separation from her husband and worked to get back to him or have him come back. Eventually, Malka sent the girls to a Catholic boarding school in Pithiviers, next to Abraham’s camp. She paid a lot of money for them to move to Pithiviers, living with one of the guards’ families and paying a lot of money for them to do so. The guard would pass letters to prisoners and didn’t mind benefitting from the extra money. From time to time, Malka and the girls saw Abraham. 

In terms of Arlette’s memories, she remembers that she never starved and that for a summer, the whole family lived together on a farm because Pithiviers became too crowded, so Abraham was sent to do forced labor. Malka desperately wanted to escape since Abraham’s work on the farm wasn’t supervised, but he insisted they stay because they didn’t do anything wrong and he didn’t want it to negatively impact the kids. He never complained of the pain he felt and suffered. 

In 1942, Malka and her daughters returned to Paris where they had to wear the yellow star, which wasn’t a shameful thing for them. Malka gave part of Abraham’s fur shop to the French in hope of liberating him, and the shop made the family “useful Jews” because their furs were sent to German soldiers in Russia. 

Arrests, Deportations, Vel d’Hiv

In July 1942, on the morning of the Vel d’Hiv, police came to the Reimann residence around 3 or 4 am and asked for Abraham. Malka said he was at the camp so the police told her and the girls to come instead. The girls resisted, with Madeleine throwing a chair at a police officer and refusing to go, but they were eventually all taken to Vel d’Hiv. While they were there, Arlette spoke of seeing horrible, disgusting things. She remembers a lot of blood and filth everywhere with lots of confused children. No one understood why there was so much blood.

From Vel d’Hiv they were put on a cattle car to Beaune-la-Rolande. Her mother hoped that the train would take them to Pithiviers to reunite with Abraham. While on the train, Malka was a leader. She organized it so the younger children got nourished first, and helped to get air circulating. While on the train, Arlette’s mother decided to write a letter and wrapped it inside a small piece of paper before tying it with a piece of hair from Arlette. She then threw it out the small windows of the cattle car onto the tracks, and a member of the Resistance found it. 

While at Beaune-la-Rolande, their useful Jew status helped them. Malka revealed that she had information about where extra machinery and supplies in the fur shop were hidden and she was determined to find a way to leave the camp with her daughters. Malka also offered to save the neighbor’s child but the neighbor insisted that if she stayed with her child she would be safer. Eventually, Malka found a way to leave and return to Paris but not to their family home. She then heard people talking of families in the countryside sheltering Jewish children from Paris without the government’s knowledge. 

The girls were sent to a small village in Vendôme and lived with a family who took care of them. Malka paid money for the girls to live with them. They were hidden without papers and therefore were protected and able to go to school. Malka continued to agonize over her husband and think of him, but she stayed strong for her daughters. Abraham died in Auschwitz. 

Life after the War

Arlette describes this time in her life (that of immediately after the war) as one of the most hellish periods in her life, worse than most of what happened during the actual war other than Vel d’Hiv. They were liberated in Vendôme by Americans, and the first thing on Malka’s mind was Abraham. She and the girls waited at the train station every day to see if he was on the train coming back to Paris and he never did. One day, Malka met someone who knew her husband and was told he became ill with typhus and was taken to the gas chambers. This was the end of Arlette’s childhood and immediately after, her mother’s condition rapidly deteriorated both physically and mentally. 

Malka was devastated and her desire for life was gone. She became very ill and most likely stopped eating. It wasn’t exactly suicide, but she willed herself to death and stopped taking care of herself all together. Arlette and Madeleine repeatedly tried to get her to get better and asked her to hold on for them, as they were only pre-teens. Malka emphasized that she left them with enough money and that she had absolutely no reason to live without the love of her life, Abraham. Malka died in 1946, which deeply angered Arlette and Madeleine. They felt abandoned, and were left to fend for themselves at only 13 and 14 years old. 

They were put in the care of a guardian, some kind of relative who sent Arlette to boarding school while Madeleine worked in Paris. Throughout her time in boarding school, Arlette developed a severe bed wetting problem, leaving her ashamed and bringing up more trauma. Arlette couldn’t stand it and came back to Paris. The bedwetting stopped the minute she came back, so she didn’t return to boarding school after a break. They participate in activism (Arlette mentioned being a part of student movements). The girls lived alone in the apartment their mother reclaimed after the war and cared entirely for themselves. They had absolutely no money or resources, and the logistics about how they stayed alive and what exactly they did is slightly unclear. 

Madeleine always claimed that she would never hug a man until she would see their father, meaning the man must embody their father as much as possible. When she was 17, she met Yosef Testyler, in whom she magically sees her father. They then got married, changing the dynamic for Arlette who then met Yosef’s brother, Charles, who made her feel safe and protected. They married as well, and the two young couples took over the workshop Abraham Reimann left. Once they had a roof over their heads and frankly, men to help protect them, they all managed to work enough to live very comfortable lives. Arlette and Charles have a daughter and three grandchildren, whom Arlette is extremely proud of. 

Lieux parisiens mentionnés

3ème arrondissement

Domicile familial

114, rue du Temple

Domicile de Pauline (Perla) et Lili Pint

117, rue du Temple

Ecole d'Arlette 

8, rue de Montmorency

10ème arrondissement

Usine Grundel

9, rue Martel

Cinéma Béranger 

49, rue de Bretagne

Commissariat de Police

Rue Beaubourg

11ème arrondissement 

Gymnase Japy

2, rue Japy

13ème arrondissement 

Gare d’Austerlitz

7 bis,  boulevard de l'Hôpital

14ème arrondissement 

Domicile de Malka à la libération

Rue Pernety

Carte

ARLETTE TESTYLER (née REIMANN) *